Concert du 21 septembre 2024 au Temple de Morges

 Concert du 21 septembre 2024 au Temple de Morges


Programme du concert

Première partie : Gustav Holst

 
·        Jupiter (The Planets) transcription pour orchestre à cordes de Samuel Adler
·        Hecuba’s Lament
·        Psaume 86
·        Psaume 148

 
Seconde partie : Piotr Illich Tchaïkovski

 ·        Sérénade en ut majeur pour orchestre à cordes

 

Les interprètes du concert


L'Orchestre de l'Horloge

Malgré l’atmosphère numérique dans laquelle nous vivons depuis un certain nombre d’années, l’imaginaire collectif continue à associer l’image d’une « horloge » non pas à un obscur cadran de smartwatch ou un écran de téléphone portable, mais à un bel objet mobilier, artisanal, beau à voir et à entendre, avec en son intérieur l’obligation d’une mécanique suisse, complexe et extrêmement précise pour mesurer et dérouler le temps.

C’est précisément cette image que nous avions en tête, de même que la célèbre symphonie no. 101 de Joseph Haydn, inventeur du genre, lorsque nous avons imaginé la création de l’Orchestre de l’Horloge. Notre idée : un ensemble instrumental à géométrie variable destiné à s’intéresser aux répertoires mêlant la voix et les instruments sans pour autant s’inscrire dans les catégories figées d’oratorio ou de spectacles lyriques.

De tout temps, les compositeurs ont cherché à imiter la voix humaine avec des instruments, tout en s’inspirant du jeu instrumental pour l’écriture de parties vocales. C’est donc cette recherche de vocalité dans le jeu instrumental que nous souhaitons développer et mettre en valeur, non pas nécessairement en accompagnant systématiquement des voix ou du répertoire vocal, mais en gardant toujours à l’esprit dans notre recherche et notre travail que toute musique, fût-elle strictement orchestrale, est porteuse d’une vibration, d’un souffle. 

Violons 1
 
Raya Raytcheva
Marion Devaud  
Delphine Bouvier 
Rada Hadjikostova
Amandine Pierson  

Violons 2
 
François James
Carole Zanchi  
Patrick Schleuter
Laurence Favre   
 
Alti
 
Robin Lemmel
Mariam Ruetshi
Anne-Laure Dottrens  

Violoncelles
 
Gabriel Esteban       
Coralie Devars
Delphine Gosseries  
 
Contrebasses 

Massimo Pinca  
Lionel Felchlin


L’Ensemble Post-Scriptum


« Que de lettres on n’écrit que pour leur post-scriptum! »     Sacha Guitry

« Post-Scriptum », ce n’est pas seulement une note de bas de page, mais aussi l’idée qu’au-delà des mots et des notes, il y a le langage et la musique. Réuni pour la première fois en 2007 par Romain Mayor, cet ensemble vocal et instrumental basé à Morges en Suisse a pour répertoire de prédilection les musiques des XIXe et XXe siècles mises en relation avec le répertoire plus ancien. Il cherche ainsi à établir des correspondances entre les époques et les styles.

La réputation grandissante de l’ensemble l’amène à être invité à se produire par un nombre croissant de sociétés de concerts et festivals tels que La Schubertiade d’Espace2, le Festival des Haudères, le Mont Musical, les Concerts de Bonmont, de la Collégiale de Neuchâtel, de la Cathédrale de Genève, de l’église romane de St-Sulpice, de l’Abbatiale de Romainmôtier, au Théâtre Métropolitain de Tokyo…

Pour chaque projet de concert, le chef reforme l’ensemble selon les besoins du répertoire abordé. L’effectif vocal peut varier, allant de l’octuor à un choeur de plus grande dimension, mélangeant régulièrement chanteurs professionnels et amateurs de bon niveau.

A l'occasion du concert de ce soir, deux choristes de l'Ensemble Post-Scriptum interprètent une partie en solo: Tatiana Barras, soprano, et Guillaume Bassand, ténor.

ensemble-post-scriptum.ch

 

Sophie Marilley - mezzo-soprano

Née à Fribourg, Sophie Marilley y étudie le chant dans la classe d’Antoinette Faes et poursuit sa formation à l’Opéra Studio de Flandres. Elle fait ses débuts à l’Opéra de Fribourg dans La Périchole (rôle-titre) et L’Etoile (Lazuli). Lauréate du Concours international du Belvédaire de Vienne en 2001, elle rejoint la troupe de solistes de l’Opéra d’Osnabrück, puis le Staatsoper de Vienne où elle aborde des rôles tels que Cherubino (Le Nozze di Figaro), Meg Page (Falstaff), Stéphano (Roméo et Juliette), Nicklausse (Les Contes d'Hoffmann), ou Siebel (Faust). De 2011 à 2018 en troupe au Staatsoper de Stuttgart, elle sera entre autres Ruggiero (Alcina), Junon (Platée), Alise (L'écume des jours d'Edison Denisov), Donna Elvira (Don Giovanni), Der Komponist (Ariadne auf Naxos), Octavian dans Rosenkavalier et Donna Elvira de la création mondiale de Erdbeben.Träume de Toshio Osokawa. En outre, Sophie Marilley s'y est largement distinguée dans le rôle-titre d' « Il Vologeso » du compositeur Niccolo Jommelli, dont une captation de l’œuvre est parue en 2018 chez Naxos.

Elle est parallèlement invitée dans de nombreux opéras européens pour y chanter les rôles clés de sa tessiture : Festival de Wexford (Hänsel), à l'Opéra de St Gall (rôle titre de la Cenerentola), de Graz (Niklausse), de Lausanne (Dorabella), de Nantes (Lazuli et Cherubino), au Teatro Sao Carlo à Lisbonne (Sesto de la clemenza di Tito), au Volksoper de Vienne (Valencienne), au Théâtre Royal de la Monnaie à Bruxelles où elle rencontre un grand succès critique dans les rôles de Cherubino et du Prince de Cendrillon de Massenet, à L’Opéra du Rhin (le Renard de La petite renarde rusée de Janacek, Donna Elvira) et à l’Opéra de Montecarlo (Niklausse). Elle retrouve la Monnaie pour Lady Macbeth dans la création mondiale de Macbeth Underworld de Pascal Dusapin, incarne la duchesse de « Powder her face » de Adès, Elle de « La voix humaine » de Poulenc et Conception de « L’heure espagnole » de Ravel au Nouvel Opéra de Fribourg.

Au disque, elle enregistre entre autres les mélodies de Ravel et Jolivet pour le label Brilliant et le rôle principal de Elle de l'Amour masqué (André Messager) avec l'Orchestre d'Avignon pour les Editions Acte Sud, enregistrement élu « coup de cœur » sur France Musique, et récompensé par la mention « Révérance » dans L’Avant-scène Opéra. Elle a chanté sous la direction de chefs d’orchestre tels que Bertrand de Billy, Adam Fischer, Marco Armiliato, Franz Welser-Möst, Christian Thielemann, Christophe Rousset, Hervé Niquet, Jérémie Rohrer, Sylvain Cambreling, Marc Soustrot, Michael Schonwandt, Antony Hermus, Alain Altinoglu. Sophie Marilley enseigne le chant au conservatoire de Fribourg et se produit régulièrement en concert et en récital.

 


Elizaveta Lobanovna - orgue

Organiste passionnée et exploratrice des horizons musicaux, incarne la magie de l’orgue à travers son parcours international et sa créativité. Née à Saint-Pétersbourg en 1998, Elizaveta Lobanova a depuis lors embrassé une carrière musicale vibrante et multiculturelle, guidée par sa passion pour l’orgue et son désir d’explorer les horizons sonores. Étudiant d’abord avec le professeur Daniel Zaretsky au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, ses années d’apprentissage ont été marquées par une série de succès et de réalisations. Lauréate de plusieurs concours prestigieux en Russie, Pologne, Allemagne et à Malte, elle a su conquérir le cœur des jurys et du public par son jeu captivant et
son approche magistrale de l’orgue.

Son parcours académique exceptionnel l’a conduite à étudier avec des maîtres éminents tels que Maurizio Croci à Fribourg puis Benjamin Righetti à la HEMU.
En tant que directrice artistique de la série de concerts « Les jeux d’orgues » à Charmey, en Suisse, Elizaveta Lobanova s’engage à partager sa passion avec un public toujours plus large. Son désir de créer des expériences musicales uniques et de repousser les frontières de l’art la guide vers de nouveaux horizons, où la musique se mêle à d’autres formes d’expression artistique. Sur scène, l’organiste incarne la magie de la musique, transformant chaque silence en une note d’émotion pure. Son ambition et sa curiosité la poussent vers de nouveaux défis et de nouvelles aventures artistiques, où la surprise et l’inspiration sont les maîtres mots.

 

Romain Mayor - direction

Chef de choeur et d’orchestre suisse, Romain Mayor débute à l’âge de six ans l’apprentissage de la musique avec le piano, puis étudie le chant, la direction et la musicologie, bénéficiant des précieux conseils de musiciens tels que Celso Antunes, Laurent Gay, Florian Ziemen, Peter Broadbent, Florian Ludwig, Antonello Allemandi, Christian Immler, Frédéric Gindraux et Helmut Deutsch.

 En tant que chef titulaire, il dirige le Motet de Genève, le Chœur J.-S. Bach de Lausanne, le Chant Sacré Genève ainsi que l’Ensemble Post-Scriptum qu’il a fondé. Dans le cadre de concerts d’oratorio, il collabore régulièrement avec des orchestres tels que l’Orchestre de chambre de Lausanne ou l’Orchestre de chambre de Genève ainsi que divers autres ensembles professionnels en Suisse, en Allemagne, au Royaume-Uni et au Japon. Il a également l’occasion de diriger un répertoire uniquement orchestral à l’invitation de l’Orchestre Symphonique Genevois et du Sinfonietta Bern.

Pour le label Claves Records, il dirige l’enregistrement de La Veillée, suite lyrique inédite de Jaques-Dalcroze dont la parution est chaleureusement saluée par la critique de plusieurs revues spécialisées internationales. Engagé avec le Motet par l’Orchestre de la Suisse Romande et l’Orchestre de chambre de Genève, il prépare d’autre part à plusieurs reprises le chœur pour des concerts de saison de ces deux ensembles.

Professeur de chant et de direction et responsable de la classe de certificat de direction chorale à Lausanne, il est régulièrement invité à animer divers stages et ateliers musicaux ou comme jury dans plusieurs concours de chant choral et conservatoires. Il est également organiste et directeur musical de l'Emmanuel Episcopal Church à Genève.

Romain Mayor a effectué ses études aux HEM de Genève et Lausanne, ainsi qu’à la Hochschule der Künste Bern. Il est titulaire d’un certificat de piano, du prix Fritz Bach de la Fondation Crescendo, de deux Masters spécialisés en direction chorale (mention « très bien ») et en chant lyrique, ainsi qu’un diplôme postgrade en direction d’orchestre, obtenu avec la note maximale.

 

Les textes chantés

 

Gustav Holst: Hecuba’s Lament

Texte de Gilbert Murray (1866-1957) d’après Les Troyennes d’Euripide (415 av. J.-C.)

Traduction littérale:

 

Lo, I have seen the open hand of God;
And in it nothing, nothing, save the rod
Of mine affliction, and the eternal hate,
Beyond all lands, chosen and lifted great
For Troy! Vain, vain were prayer and incense-swell


And bulls' blood on the altars! . . . All is well.
Had He not turned us in His hand, and thrust
Our high things low and shook our hills as dust,
We had not been this splendour, and our wrong
An everlasting music for the song
Of earth and heaven!

Farewell, farewell!
O thou whose breath was mighty on the swell
Of orient winds, my Troy! Even thy name
Shall soon be taken from thee. Lo, the flame
Hath thee, and we, thy children, pass away
To slavery . . . God! O God of mercy! . . . Nay:
Why call I on the Gods? They know, they know,
My prayers, and would not hear them long ago.


Woe, woe, woe!
Thou of the Ages, O wherefore fleëst thou,
Lord of the Phrygian, Father that made us?
'Tis we, thy children; shall no man aid us?
'Tis we, thy children! Seëst thou, seëst thou?
He seëth, only his heart is pitiless;
And the land dies: yea, she,
She of the Mighty Cities perisheth citiless!
Troy shall no more be!

 

 

 Woe, woe, woe!
Ilion shineth afar!
Fire in the deeps thereof,
Fire in the heights above,
And crested walls of War!
As smoke on the wing of heaven
Climbeth and scattereth,
Torn of the spear and driven,
The land crieth for death:
O stormy battlements that red fire hath riven,
And the sword's angry breath!
  

O Earth, Earth of my children; hearken! and O mine own,
Ye have hearts and forget not, ye in the darkness lying!
Now hast thou found thy prayer, crying to them that are gone.


Surely my knees are weary, but I kneel above your head;
Hearken, O ye so silent! My hands beat your bed!
I, I am near thee;
I kneel to thy dead to hear thee,
Kneel to mine own in the darkness; O husband, hear my crying!

Even as the beasts they drive, even as the loads they bear,
Go, and come not again!
Priam, mine own Priam,
Lying so lowly,
Thou in thy nothingness,
Shelterless, comfortless,
See'st thou the thing I am?
Know'st thou my bitter stress?
Nay, thou art naught to him!
Out of the strife there came,
Out of the noise and shame,
Making his eyelids dim,
Death, the Most Holy!


O high houses of Gods, belovèd streets of my birth,
Ye have found the way of the sword, the fiery and blood-red river!
Fall, and men shall forget you! Ye shall lie in the gentle earth.
The dust as smoke riseth; it spreadeth wide its wing;

 

 It maketh me as a shadow, and my City a vanished thing!
Out on the smoke she goeth,
And her name no man knoweth;
And the cloud is northward, southward; Troy is gone for ever!


Ha! Marked ye? Heard ye? The crash of the towers that fall!
All is gone!
Wrath in the earth and quaking and a flood that sweepeth all,
And passeth on!
Farewell!—O spirit grey,
Whatso is coming,
Fail not from under me.
Weak limbs, why tremble ye?
Forth where the new long day
Dawneth to slavery!

Farewell from parting lips,
Farewell!—Come, I and thou,
Whatso may wait us now,
Forth to the long Greek ships And the sea's foaming.

 

 

J'ai vu la main ouverte de Dieu ;
Et dans cette main, rien, rien que le bâton
Le bâton de mon malheur et la haine éternelle,
Au delà de tous les pays, choisis et élevés
Pour Troie ! Vaines, vaines furent les prières, les flots d'encens


Et le sang des taureaux sur les autels ! . . . Tout va bien. S'il ne nous avait pas pris dans sa main, s'il n'avait pas abaissé Nos hauteurs et nos collines comme de la poussière,
Nous n'aurions pas été cette splendeur, et notre tort Une musique éternelle pour le chant
De la terre et du ciel !

Adieu, adieu !
Toi dont le souffle était puissant sur la houle
Des vents de l'Orient, ma Troie ! Même ton nom Te sera bientôt enlevé. La flamme
Nous, tes enfants, sommes réduits à l'esclavage.
A l'esclavage... Dieu ! Dieu de miséricorde ! . . . Non : Pourquoi invoquer les dieux ? Ils savent, ils savent, Mes prières, et ne les ont pas entendues depuis longtemps.


Malheur, malheur, malheur !
Toi, l'Ancien, pourquoi t'es-tu enfui ?
Seigneur du Phrygien, Père qui nous a faits ?
C'est nous, tes enfants ; personne ne nous aidera ?

C'est nous, tes enfants ! Tu vois, tu vois ?
Il voit, mais son coeur est sans pitié ;
Et la terre meurt, oui, elle,
Elle, la puissante cité, périt sans cité !
Troie ne sera plus !

 

Malheur, malheur, malheur !
Ilion brille au loin !
Le feu dans ses profondeurs,
Le feu dans les hauteurs,
Et les murs crêtés de la guerre !
Comme la fumée sur l'aile du ciel
Grimpe et s'éparpille,
Déchirés par la lance et chassés,
La terre crie à la mort :
O remparts orageux que le feu rouge a déchirés, Et le souffle furieux de l'épée !

 

Terre, terre de mes enfants, écoutez, et moi aussi,
Vous avez des coeurs et vous n'oubliez pas, vous êtes couchés dans les ténèbres.
Maintenant tu as trouvé ta prière, tu cries à ceux qui sont partis.


Mes genoux sont fatigués, mais je m'agenouille au-dessus de ta tête ;
Écoutez, vous qui êtes si silencieux ! Mes mains battent ton lit. Je suis près de toi ;
Je m'agenouille auprès de tes morts pour t'entendre,
Je m'agenouille devant les miens dans l'obscurité ; O mari, entends mes cris !

Comme les bêtes qu'ils conduisent, comme les charges qu'ils portent,
Va, et ne reviens pas !
Priam, mon Priam,
Couché si bas,
Toi, dans ton néant,
Sans abri, sans confort,
Tu vois ce que je suis ?
Connais-tu mon amère détresse ?
Non, tu n'es rien pour lui !
De la querelle, il est sorti,
Du bruit et de la honte,
qui lui assombrit les paupières,
La mort, la très sainte !


Ô hautes maisons des dieux, rues bien-aimées de ma naissance, vous avez trouvé la voie de l'épée, le fleuve ardent et rouge sang,
Vous avez trouvé le chemin de l'épée, le fleuve ardent et rouge sang !
Tombez, et les hommes vous oublieront ! Vous serez couchés sur la terre douce.
La poussière s'élève comme une fumée, elle déploie ses ailes ;


Elle fait de moi une ombre, et de ma ville une chose disparue !
Elle s'en va dans la fumée,
Et son nom n'est pas connu ;
Et le nuage est au nord, au sud ; Troie a disparu pour toujours !


Ha ! Vous avez vu ? Vous avez entendu ? Le fracas des tours qui tombent !
Tout a disparu !
La colère de la terre, les tremblements et le déluge qui balaie tout,
et passe !
Adieu, esprit gris,
Quoi qu'il arrive,
Ne m'abandonne pas.
Membres faibles, pourquoi tremblez-vous ?
Là où le jour nouveau et long
Se lève sur l'esclavage !

Adieu des lèvres qui se séparent,
Adieu!-Venez, moi et vous,
Ce qui peut nous attendre maintenant,
Vers les longs navires grecs
Et l'écume de la mer.

 

Pour comparer: traduction française du passage correspondant dans le texte original d’Euripide

(1240) Il n'est donc d'autre souci parmi les dieux, que mes souffrances, et la haine qu'ils ont conçue pour Troie entre toutes les villes ? En vain nous leur avons offert des sacrifices ! Mais si les dieux ne l'eussent renversée, ne l'eussent précipitée dans la poussière, nous serions tombés dans l'oubli, et les Muses n'auraient pas transmis à la postérité les chants qui célébreront notre infortune. Allez, enfermez ce corps dans la tombe ; les honneurs funèbres lui ont été rendus selon les rites ordinaires. Mais je crois qu'il importe peu aux morts d'obtenir de somptueuses funérailles ; [1250] ce n'est qu'une vaine pompe qui flatte l'orgueil des vivants. LE CHOEUR. O mère infortunée, qui fondais sur cet enfant de brillantes espérances d'avenir ! O jeune enfant, réputé heureux pour ton illustre naissance, tu es tombé victime d'une mort cruelle ! HÉCUBE. Eh mais ! quels sont ces hommes que je vois sur les hauteurs d'Ilion, agitant dans leurs mains des torches ardentes? Un nouveau malheur va-t-il fondre sur Troie? TALTHYBIUS. (1260) Chefs des cohortes, rassemblés pour embraser la ville de Priam, ne conservez plus dans vos mains la flamme inactive, lancez, les torches ardentes, afin qu'après avoir renversé Ilion de fond en comble, nous retournions pleins de joie dans notre patrie. Et vous, filles des Troyens, pour dire la même chose d'une double manière, dès que les chefs de l'armée feront entendre le son éclatant de la trompette, rendez- vous aux vaisseaux qui doivent vous transporter en Grèce. Et toi, Hécube infortunée, suis ces soldats envoyés par Ulysse, à qui le sort t'a donnée pour esclave. HÉCUBE. (1272) Ah ! malheureuse ! me voilà donc enfin au dernier terme de mes douleurs ! En quittant ma patrie, je la vois réduite en cendres. Cependant, ô mes pieds infirmes et chancelants, faites effort pour vous hâter, que je dise un dernier adieu à ma déplorable patrie. O Troie, dont la puissance brilla jadis chez les nations barbares, bientôt ton nom célèbre ne sera plus. La flamme dévore tes murs, et l'on nous emmène en esclavage. O dieux!... Mais pourquoi invoquer les dieux ? depuis longtemps ils n'entendent plus nos invocations. . . Courage, élançons-nous dans le bûcher enflammé, ce sera un glorieux destin pour moi, de mêler ma cendre aux cendres de ma patrie. TALTHYBIUS. Malheureuse, ta douleur t'égare ! Emmenez-la, ne l'épargnez pas : il faut qu'elle soit remise entre les mains d'Ulysse, comme le lot qui lui revient. HÉCUBE. Ah I ah ! hélas... fils de Saturne, père des Phrygiens, auteur de ma famille, vois-tu ces cruels traitements, indignes dû sang de Dardanus? LE CHOEUR. Il les voit, et cette grande cité, qui n'est plus une cité, est détruite : Troie n'existe plus. HÉCUBE. Ah! ah! hélas! Ilion est en flammes, le feu embrase la citadelle de Pergame, et la ville, et ses hautes murailles. LE CHOEUR. Comme la fumée emportée sur l'aile des vents, ainsi disparaît cette ville tombée de son faîte, [1300] et dévastée par le fer. HÉCUBE. Ô terre, qui as nourri mes enfants ! LE CHOEUR. Hélas! hélas! HÉCUBE. Chers enfants, entendez, reconnaissez la voix de votre mère ! LE CHOEUR. Tu appelles les morts par des accents funèbres? HÉCUBE. Je roule sur la terre mon corps accablé de vieillesse, et de mes deux mains je frappe le sol. LE CHOEUR. Ainsi que toi, je tombe moi-même à genoux, et nous invoquons nos époux qui reposent au sein de la terre. HÉCUBE. (1310) On m'emmène, on m'entraîne, LE CHOEUR. O quels cris de douleur ! HÉCUBE, Au séjour de la servitude, LE CHOEUR. Loin de ma patrie. HÉCUBE. O Priam, Priam ! tu es mort sans sépulture, loin de tes amis ! tu ignores mes infortunes ; la mort ténébreuse couvre tes yeux, pieuse victime d'un meurtre impie ! O temples des dieux ! ô ville chérie ! LE CHOEUR. En proie à la flamme et au fer destructeur, bientôt vous tomberez sans nom, et vous couvrirez la terre de vos ruines : la poussière s'élevant dans les airs comme un tourbillon de fumée sur l'aile des vents, m'empêche de reconnaître la maison que j'habitais, le nom même de cet empire disparaîtra: chacune de nous perd tour à tour ce qui lui fut cher, et déjà l'infortunée Troie n'est plus. HÉCUBE. Entendez, reconnaissez le fracas de ces murs qui tombent. La terre s'ébranle sous le poids d'une ville entière qui s'écroule. O tout mon corps frissonne, guidez mes pas tremblants. TALTHYBIUS. Allez commencer une vie d'esclavage. O malheureuse cité ! 1332 Cependant dirige tes pas vers les vaisseaux des Grecs.

Source: https://hodoi.fltr.ucl.ac.be/concordances/euripide_troyennes/

 

Gustav Holst: Psaume 86


Texte: King James' Bible & Joseph Bryan (1620)
Mélodie: Psautier de Genève (1548)

To my humble supplication
Lord, give ear and acceptation;
Save Thy servant that hath none
Help nor hope but Thee alone.
Send, O send relieving gladness
To my soul opprest with sadness,
Which from clog of earth set free
Winged with zeal, flies up to Thee.

To Thee, rich in mercies treasure,
And in goodness without measure,
Never failing help to those
Who on Thy sure help repose.
Heav’nly Tutor, of thy kindness,
Teach my dullness, guide my blindness,
That my steps Thy paths may tread
Which to endless bliss do lead.

 

Gustav Holst: Psaume 148

Texte: paraphrase de Francis Ralph Gray
Mélodie: Geisliche Kirchengesänge (1623)
 

Lord, Who hast made us for thine own,
Hear as we sing before Thy throne, Alleluia.
Accept Thy children's rev'rent praise
For all Thy wondrous works and ways, Alleluia.

Waves, rolling in on ev'ry shore,
Pause at His footfall and adore, Alleluia.
Ye torrents rushing from the hills,
Bless Him Whose hand your fountains fill, Alleluia.

Earth, ever through the power divine,
Seedtime and harvest shall be thine, Alleluia.
Sweet flow'rs that perfume all the air,
Thank Him that He hath made you fair, Alleluia.

Burn, lamps of night, with constant flame,
Shine to the honor of His name, Alleluia.
Thou sun, whom all the lands obey,
Renew His praise from day to day, Alleluia.

 

 


 

 


 

 


 

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